MARINELEC Technologies a conçu et développe depuis plusieurs années un système de management de l’énergie ECOMER TC. Cet outil de diagnostic et d’analyse collecte et traite les informations permettant à l’armateur de mieux comprendre et maîtriser la consommation de ses systèmes de production d’énergie. Avec l’urgence climatique et la crise énergétique, la solution digitalisée de MARINELEC Technologies s’avère une réponse prometteuse pour réduire la consommation l’empreinte carbone du transport maritime. C’est ce qui anime Aurélie CORDELLE, responsable du développement commercial d’ECOMER pour MARINELEC Technologies - Entretien
Vous avez rejoint MARINELEC Technologies à l’automne pour développer le potentiel des systèmes de management de l’énergie. Qu’est-ce qui vous a motivée ?
[Aurélie Cordelle] Je suis ingénieure de formation et j’ai travaillé pendant plus de 10 ans en tant que technicienne dans le secteur de l’aéronautique que j’ai notamment accompagné le développement de solutions numériques. Cette expérience m’a questionnée dans sa finalité et j’ai décidé de quitter ce secteur qui ne me semblait pas assez vertueux en matière d’écologie. J’ai rejoint une entreprise du Grand Ouest qui développe un système de propulsion par le vent et j’ai trouvé une véritable vocation en continuant à m’engager pour la décarbonation du maritime.
Lorsque l’opportunité s’est présentée de rejoindre MARINELEC Technologies, j’ai tout de suite été très emballée par le projet lors qu’il m’a été présenté. Tout d’abord parce que je considère qu’il est urgent de travailler sur des sujets de décarbonation, mais parce que l’approche du management de l’énergie est un sujet qui me parle vraiment. On vit dans un monde de plus en plus connecté et qui s’accélère de manière frénétique. L’acquisition et l’analyse des données ce sont les éléments clés qui nous permettent de comprendre, d’assimiler et de trouver des solutions pour diminuer nos consommations.
J’ai aussi été motivée par l’idée de partir d’un produit qui possède de fortes capacités de développement et surtout d’un produit qui réponde à de réels besoins clients et à un enjeu. C’est difficile de trouver le juste équilibre avec un produit qui puisse être mis sur le marché très rapidement et suffisamment développé pour apporter une réponse rapide aux enjeux. La réduction de la consommation est un facteur important en termes de coûts d’exploitation autant que pour la diminution des gaz à effet de serre et ECOMER répond aux deux enjeux.
Quels sont les principaux constats et analyses de MARINELEC sur lesquels s’appuie le développement d’ECOMER ?
[Aurélie Cordelle] Pour répondre aux accords de Paris, l’OMI s’est donné comme objectif de diminuer de 40% les émissions de GES d’ici 2030 et 70% d’ici 2050. Pour cela, il y a 3 leviers fondamentaux : maitriser, reporter et optimiser. Le produit ECOMER est l’élément clé du premier levier « maitriser », il permet de comprendre sa consommation mais aussi d’orienter vers une utilisation et une conduite plus vertueuse. Il est aussi un accélérateur sur le troisième levier « optimiser » : il existe de plus en plus de technologie qui tendent à réduire les émissions de GES, sur les navires équipés d’un ECOMER, il deviendra immédiat de pouvoir mesurer ces différentes solutions et mais également optimiser les performances des navires.
Le constat vient surtout lorsqu’on discute avec nos clients : ils savent que la réduction des consommations est importante, ils ont conscience qu’il existe des éléments à prendre en compte mais il leur manque des informations précises pour prendre des décisions et agir. Par exemple, réduire la vitesse oui, mais de combien ? Les marins ont la connaissance qualitative, ECOMER apporte la donnée quantitative. Ils sauront aussi que certaines actions ont plus d’impact que d’autres.
Maîtriser, reporter et optimiser c’est une réponse technique aux réflexions de l’Ademe. MARINELEC Technologies est un excellent acteur du secteur qui connait très bien le matériel électronique maritime, ce qui lui permet d’inventer la solution technique qui répond au besoin identifié par cette réflexion collective associant marins, agence de l’énergie et industriels. Un des points forts de notre approche est de proposer
des cas d’usage de nos solutions, adaptés aux besoins de chaque secteur du transport maritime, grâce aux données déjà récoltées et interprétées depuis 5 ans que le produit existe.
A qui cela s’adresse ECOMER ?
[Aurélie Cordelle] Cela s’adresse à tous les segments du maritime mais en particulier aux navires de travail, de servitude, de pêche et de transport. Il s’adresse aussi bien aux armateurs qu’aux affréteurs. L’objectif premier est la réduction de consommation, mais cela passe également par l’amélioration de performance global des navires. Et surtout, nous voulons répondre aux personnels aussi bien à mer que à terre, sachant que les problématiques ne sont pas les mêmes. Quant au marché, il touche tous les secteurs maritimes, en particulier sur les navires de services, le transport et la pêche.
Comme les autres produits MARINELEC, ECOMER est autant destiné à la France qu‘à l’export avec cette nuance que ce n’est pas encore un produit de sécurité obligatoire et donc pas encore répertorié dans les achats des chantiers navals. A terme il pourra équiper n’importe quel navire.
Comment ça marche et quels sont les résultats attendus ?
[Aurélie Cordelle] ECOMER fonctionne sur 4 briques technologiques :
- L’acquisition des données, soit sur les capteurs déjà existants, soit par l’ajout de nouveaux capteurs : essentiellement des débitmètres, GPS, MRU (Centrales inertielles)
- Le traitement des données, par des cartes électroniques conçues par MARINELEC ou par des automates ; l’affichage en passerelle au pilote afin de lui donner des éléments d’aide à la décision, ciblées et percutantes pour un personnel naviguant qui n’a pas de temps supplémentaire pour analyser ces données.
- Le transfert et le stockage des données dans un cloud sécurisé MARINELEC hébergé en Bretagne.
- Une interface web, en cours de développement, comprenant un post-traitement des données et analyse de ces résultats
Cette configuration permet de faire des premières réductions de consommation en temps réel (aide à la décision) mais également de donner des éléments clés pour améliorer la performance des navires, faire de la maintenance prédictive, déduire des éléments d’écoconduite, etc.
Nous estimons que l’utilisation d’un ECOMER pourra diminuer la consommation de carburant jusqu’à 30% dans ses meilleures utilisations, notamment pour des navires de travail n’ayant jusque-là aucune solution d’optimisation. Cela est à mettre en parallèle avec de nouveaux comportements (réduction de la vitesse, coupure des moteurs, délestages électriques et écoconduite en général) pour des secteurs où la consommation n’était pas un réel enjeu jusque-là.
Comment allez-vous déployer ces solutions ?
[Aurélie Cordelle] Le secteur maritime est en pleine réflexion concernant la transition écologique. Si certaines solutions et comportements sont déjà bien connus, nous estimons que l’analyse de données va permettre de trouver d’autres pistes. Pour cela, nous misons sur un produit qui permet de s’adapter au fil des années, avec la possibilité d’acquérir des nouvelles données et des mises à jour régulières des logiciels pour être en mesure de capter les nouvelles pistes de réductions de consommation.
A mon arrivée chez MARINELEC Technologies j’ai fait une étude de marché pour mieux comprendre les enjeux et opportunités. J’ai aussi prêté attention aux sociétés qui ont mis en place des solutions similaires. Il existe beaucoup d’entreprises qui font de l’analyse de données ; mais elles ne possèdent pas l’expertise technologique du hardware comme MARINELEC.
En comprenant les problèmes et les acteurs, nous sommes en capacité à nous adapter et apporter notre solution globale ou des briques complémentaires mais tout d’abord, nous accompagnons nos clients avec des cas d’usage et une réponse adaptée à leurs besoins. L’urgence climatique est concrète. Il faut agir aujourd’hui avec l’humilité et la conscience qu’il nous reste encore beaucoup à apprendre et des données à collecter. Elles nous permettront par exemple de développer demain des solutions d’intelligence artificielle. C’est une fierté pour moi d’apporter mon expérience de la digitalisation d’un secteur au service du maritime et d’une entreprise innovante et engagée dans la décarbonation.
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